Des milliers de personnes dans le monde ont souscrit une assurance contre les enlèvements extraterrestres. Un business lucratif qui se greffe sur un phénomène plus complexe et plus intéressant qu'il n'y paraît.
Depuis quelques décennies, des témoignages d’enlèvements sont signalés sur tous les continents. Le scénario est connu : des examens médicaux terrifiants sont menés par des extraterrestres de type petit gris avec un intérêt tout particulier pour les organes reproducteurs et la sexualité humaine. Des femmes abductées affirment avoir été fécondées artificiellement et utilisées comme mères porteuses d’enfants hybrides humains-extraterrestres. Le "prototype" de ces abductions remonte à l’enlèvement des époux Betty et Barney Hill en 1961. A ces invariants, s’ajoutent un très grand nombre d’éléments divers (implants, « missing time ») qu’il serait trop long d’énumérer ici. La plupart de ces témoignages ont été recueillis sous hypnose selon la technique employée par le psychiatre qui a suivi le couple Hill car les souvenirs d’enlèvements semblent avoir été refoulés dans l’inconscient. L'opinion dominante chez les médecins et les psychologues est que les récits d’abductions sont le résultat de troubles psychologiques associés à des phénomènes comme la paralysie du sommeil. L’hypnose régressive, souvent menée par des praticiens amateurs eux-mêmes convaincus de la réalité des enlèvements extraterrestres, contribuerait à forger de faux souvenirs.
Mais, quelle que soit l’origine des abductions, le business qu’elles suscitent est lui bien réel. Et notamment celui des polices d’assurance : la première a été lancée comme un gag en 1987 par Mike St. Lawrence, un homme d’affaires de Floride. Le contrat prévoit une prime de 1 dollar par an jusqu’à la fin de ses jours si l’abducté parvient à apporter la preuve qu’il a bien été enlevé. La plupart des souscripteurs n’y voient eux aussi qu’une aimable plaisanterie ou une idée de cadeau originale puisque la police ne coûte qu’une vingtaine d’euros. Toutefois, Mike St. Lawrence a failli être pris à son propre piège : une homme l’a contacté en assurant détenir la preuve qu’il avait bien été abducté sous la forme d’un implant extraterrestre retrouvé dans son propre corps. L’implant a été analysé par un scientifique du prestigieux MIT qui a certifié l’origine non terrestre de l’implant. « J’ai parlé à ce scientifique au téléphone, assure Mike St. Lawrence, et il m’a confirmé son analyse ». Homme de parole, Mike St. Lawrence a envoyé un billet de un dollar à chaque Noël à son abducté pendant quelques années jusqu'à ce qu'il perde sa trace lors d'un déménagement. Mike St. Lawrence refuse de dévoiler le nombre de polices vendues en 28 ans mais il précise que l’argent lui a permis d’envoyer son chien dans une école de dressage.
DES ASSURANCES PLUS SPÉCIFIQUES CONTRE LES GROSSESSES NON-DÉSIRÉES PROVOQUÉES PAR LES ALIENS
C’est beaucoup moins que l’argent gagné par une véritable compagnie d’assurance britannique, Goodfellow Rebecca Ingrams Pearson (GRIP), qui a commencé à vendre des polices d’assurance contre les abductions extraterrestres dans les années 90 à environ 150 euros le contrat.
Parmi ses plus célèbres –et éphémères- clients, on compte les 39 membres de la secte apocalyptique Heaven’s Gate (les portes du Paradis) qui se sont suicidés le 26 mars 1997 lors du passage de la comète Hale-Bopp. Les adeptes croyaient que leur âme allait rejoindre un vaisseau extraterrestre transportant Jésus, dissimulé derrière la comète. Une très mauvaise publicité pour les assurances GRIP qui ont pendant quelque temps interrompu la vente de cette police avant de la remettre sur le marché avec un succès renouvelé. « Business is Business »…
D’autres compagnies proposent des assurances plus spécifiques contre les grossesses non-désirées provoquées par les aliens et des assurances-vie en cas de décès imputable à des extraterrestres. Plus anecdotiques, on peut aussi trouver sur Internet des dispositifs de protection contre les abductions et le contrôle mental exercé par les aliens. Sur « Stop Alien Abduction », un retraité du Kentucky propose un casque à bricoler soi-même pour 45$. De nombreux auteurs et abductés offrent aussi des techniques de résistance mentale aux kidnappeurs tandis que des thérapeutes accueillent les abductés pour des séances chèrement facturées de régression hypnotique.
Le phénomène a surtout donné lieu à une littérature dense où se distinguent Budd Hopkins, David Jacobs, et, en France, les journalistes Marie-Thérèse de Brosses et Stéphane Allix. L’Américain John Mack, prix Politzer et psychiatre à Harvard, est le plus éminent universitaire à s’être penché sur la question. Il est arrivé à la conclusion que les patients qu’il a pris en thérapie n’étaient pas des personnalités pathologiques mais présentaient un état de stress post-traumatique comparable à ceux des soldats de retour du front et des victimes de catastrophes. Pour John Mack, décédé en 2004, ces récits d’enlèvements reposent donc sur une réalité objective qui reste à élucider mais le « scénario extraterrestre », qu'il n'exclut pas, pourrait n’être qu’un masque recouvrant un autre type d’expérience paranormale, de type mystique ou chamanique.
Le 09 février 2016 | Mise à jour le 09 février 2016
DAVID RAMASSEUL
@DavidRamasseul
http://www.parismatch.com/Actu/Insolite/Des-assurances-contre-les-enlevements-extraterrestres-910671
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