Kepler 186-F est la première exoplanète de la taille de la Terre située en "zone habitable". Une notion qui mérite un éclairage scientifique.
La découverte avait fait grand bruit. En 2014, des astronomes ont identifié une planète baptisée Kepler 186-F, dont la taille est comparable à celle de la Terre. Cette planète aurait toutes les chances d'être rocheuse (comme la Terre donc) et, surtout, elle est située dans la "zone d'habitabilité" de son étoile. Mais que veut dire exactement cette notion d'habitabilité ? "Certainement pas qu'il existe sur Kepler 186-F une piste d'atterrissage pour navettes et que nous pouvons y débarquer demain avec nos valises pour nous y installer", s'amuse Michel Viso, exobiologiste au Centre national d'études spatiales (CNES), et spécialiste des exoplanètes. La zone d'habitabilité se définit par une fourchette de distance entre une planète et son étoile. Elle correspond à une zone dans laquelle la quantité d'énergie reçue par la planète permet à l'eau d'exister sous forme liquide. Dans notre système solaire, c'est le cas de la Terre qui reçoit environ 1000 watts par mètre carré d'énergie rayonnée par le soleil. Si l'on s'approche du soleil et que l'on dépasse Vénus, la quantité d'énergie reçue est trop importante et l'eau se vaporise. Si on s'en éloigne et que l'on dépasse Mars, alors l'eau n'existe plus que sous forme de glace. Or, seule l'eau liquide permet à la vie d'exister sous la forme que nous lui connaissons. La taille et la position de la zone d'habitabilité dépend naturellement de la puissance de l'étoile qui émet le rayonnement lumineux. Si l'étoile est petite, la zone d'habitabilité sera beaucoup plus proche d'elle que s'il s'agit d'une étoile géante.
Etre dans la zone habitable : nécessaire mais pas suffisant
Mais attention, pas de méprise ! Le fait qu'une planète soit située en "zone habitable" est une condition nécessaire à l'apparition de la vie, mais elle est loin d'être suffisante. "Pour que la vie puisse apparaître, il faut que de nombreux autres facteurs soient présents", explique Michel Viso. Par exemple que la planète ait une taille suffisant pour pouvoir retenir une atmosphère protectrice. "La présence d'une atmosphère peut considérablement modifier la température qui règne à la surface d'une planète, précise l'astronome. Si son atmosphère est riche en CO2, un effet de serre va alors augmenter la température à sa surface de plusieurs degrés".
Autre élément indispensable pour maintenir cette atmosphère : la présence d'un champ magnétique. "Ce dernier agit autour de la Terre comme un bouclier, détaille Michel Viso. Grâce à lui, la plupart des particules chargées émises par le soleil sont déviées, évitant ainsi que les vents solaires ne balaient l'atmosphère de notre planète". C'est la présence d'un noyau liquide fait de fer et de nickel, dont la rotation au centre de la Terre provoque l'apparition de ce champ magnétique. Ultime élément, moins indispensable celui-là : la présence d'une lune autour de cette exoplanète pourrait être un facteur favorisant l'apparition de la vie. "En effet, le couple Terre-Lune agit à la manière d'un gyroscope, ce qui contribue à stabiliser la Terre sur son axe", explique l'astronome. En l'absence de cette stabilisation, on pourrait observer des variations bien plus importantes et erratiques des paramètres physico-chimiques de l'environnement. Ce qui, on le suppose, pourrait compliquer le développement de la vie. Actuellement, les astronomes n'ont pas d'information quant à la présence ou non d'eau, d'une atmosphère, d'une lune ou d'un champ magnétique autour de Kepler 186-F. Il est donc encore trop tôt pour crier à la découverte d'une planète réellement "habitable". Toutefois, le fait qu'elle soit idéalement positionnée par rapport à son étoile, que ses dimensions soient parfaitement compatibles avec celle de la Terre et qu'il s'agisse vraisemblablement d'une planète rocheuse en font un candidat prometteur pour espérer y débusquer, un jour, des traces d'activité biologique.
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